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Au printemps 2017, quelques mois à peine après l’entrée en vigueur du Plan 2014 (qui fixe les paramètres de régularisation du débit sortant), des précipitations extrêmement abondantes à l’échelle des bassins du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent ont causé des crues records en quelques semaines. Les graves inondations qui ont suivi ont affligé de nombreux particuliers et entreprises en bordure du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. Elles ont aussi durement affecté les communautés autochtones, les plaisanciers, la navigation commerciale, les agriculteurs et bien d’autres intérêts.
Les crues ont fait leur réapparition au printemps 2019 avec des niveaux d’eau supérieurs aux records établis à peine deux ans plus tôt, perturbant la navigation commerciale, endommageant encore une fois les berges et nuisant à la plupart voire à la totalité des intérêts et des modes d’utilisation dans les bassins. Le niveau des eaux enregistré entre la fin mai et le début août 2019 n’avait jamais été aussi élevé depuis que des relevés existent, soit il y a plus de cent ans. Après deux années marquées par des inondations, les gouvernements, les assureurs et le secteur privé ont consacré des centaines de millions de dollars à des travaux de remise en état et de prévention. La vie et les moyens de subsistance de milliers de personnes ont été perturbés pendant des semaines, voire des mois, sans parler de l’impact sur les activités de nombreuses entreprises, exploitations agricoles et administrations locales. Certains groupes en colère ou frustrés ont blâmé le Plan 2014 pour ces inondations catastrophiques, bien que les examens techniques aient montré que, sans les infrastructures en place et les interventions prévues dans le Plan 2014, les niveaux d’eau auraient été encore plus élevés. D’autres ont mis en cause la possibilité les choix du Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent de dévier des prescriptions du Plan 2014 dans des situations de niveaux extrêmes. Quelques-uns ont prétendu que le Conseil avait appliqué des déviations trop radicales en vue de favoriser certains intérêts ou, au contraire, des déviations insuffisantes pour pouvoir en aider d’autres.
Entre 2017 et 2020, le Conseil a eu recours à plusieurs stratégies pour essayer d’équilibrer les impacts dans les différents secteurs du réseau hydrographique, mais aucune régularisation du débit sortant ne permettra jamais d’empêcher que des inondations se produisent quand des conditions hydrologiques sont extrêmes. Les membres du Conseil ont déclaré que les décisions qu’ils avaient prises sur la foi des informations dont ils disposaient à ce moment-là avaient été raisonnables et justifiées. Toutefois, à la suite de ces deux épisodes de crue, ils ont estimé avoir parfois manqué de données sur les effets cumulatifs des déviations envisagées, et surtout d’informations susceptibles de les aider à prendre rapidement les décisions qui s’imposaient. Ils voudraient en savoir plus sur le bien-fondé et sur les conséquences possibles de leurs décisions. C’est afin de répondre aux doléances du Conseil que le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent (GAGL) a entrepris l’examen accéléré du Plan 2014, qui se décline en deux phases.
Comme le précise le présent rapport de la phase 1, le Comité GAGL a mis au point un outil d’aide à la décision (OAD) novateur qui vise à donner au Conseil des renseignements objectifs sur les conséquences des déviations. L’outil fournit des indicateurs globaux et des données précises sur les répercussions possibles des décisions relatives aux déviations, compte tenu des divers groupes d’intérêt touchés et des différentes régions géographiques concernées. L’OAD ne donnera pas au Conseil la possibilité d’éliminer les niveaux d’eau extrêmes, hauts comme bas, et ne prendra pas de décisions à sa place. Le Conseil ne pourra jamais faire plus que d’influer de façon modeste sur les niveaux d’eau. Toutefois, l’OAD permettra de renseigner le Conseil de sorte que celui-ci comprenne mieux les impacts des options de déviation et les incertitudes qui s’y rattachent. Le Conseil pourra ainsi prendre des décisions efficaces, aussi justes et impartiales que possible dans le contexte du Traité des eaux limitrophes (https://www.ijc.org/fr/qui/mission/tel) et de l’Ordonnance d’approbation supplémentaire de 2016 (https://ijc.org/fr/68d).